24HEURES / ASILE REQUÉRANTS DÉBOUTÉS / (15/09/2004)
118 signatures: l'alerte des communes

Un appel signé par plus d'une centaine de municipaux a été remis hier au Conseil d'Etat, exigeant le non-refoulement des requérants les plus vulnérables.

LES FAITS
Le délai de dix jours accordé à tous les requérants déboutés prend fin aujourd'hui. Hier, la conseillère nationale popiste Marianne Huguenin, accompagnée de plusieurs syndics, remettait au chancelier du Conseil d'Etat un appel signé par 118 municipaux, enjoignant le canton de ne pas renvoyer les personnes les plus vulnérables. Sur le front de l'asile, on reste dans l'expectative.

«Nous voulons une réponse par les actes, il y a eu suffisamment de grand bla-bla!» C'est ce que lançait, hier, Marianne Huguenin au moment de remettre sa pétition à Vincent Grandjean, chancelier du Conseil d'Etat. Accompagnée de plusieurs syndics, dont le Lausannois Daniel Brélaz, la conseillère nationale popiste et élue renannaise s'était rendue au Château munie d'une lettre signée par tous les municipaux souhaitant faire savoir leur soutien aux requérants éconduits. Cent dix-huit élus, dont 24 syndics (voir ci-contre), enjoignent ainsi d'une voix Jean-Claude Mermoud de renoncer à l'expulsion des déboutés les plus vulnérables, comme les femmes kosovares isolées ou les survivants de Srebrenica. A court terme, beaucoup aimeraient obtenir un moratoire de six mois sur tous les renvois.

«Enfoncer un nouveau clou»
«Les signatures que nous avons réunies sont de provenances diverses, tant géographiquement que politiquement, se félicitait Marianne Huguenin. Politiques de droite comme de gauche, représentant grandes villes et petits villages, tous se sentent concernés.» En acceptant l'enveloppe, le chancelier Vincent Grandjean promettait quant à lui de la remettre dès ce matin au Conseil d'Etat. Reste à savoir ce que celui-ci en fera. Il y a deux semaines, le canton avait décidé de ne pas prendre en compte la résolution Jean Martin, adoptée par un Grand Conseil majoritairement favorable à la suspension des renvois pour les cas les plus difficiles. On peut donc se demander s'il fera grand cas de l'appel de Marianne Huguenin.

Les espoirs de l'élue renannaise? «Nous ne faisons qu'enfoncer un nouveau clou... Gros ou petit, je ne sais pas. Avec tous les éléments réunis en faveur des déboutés - éléments tant éthiques ou humains que politico-juridiques -, le Conseil d'Etat doit maintenant forcément réagir.» Et Jean-Marc Zwissig, syndic de Mézières, de rajouter: «Si les déboutés sont expulsés, beaucoup resteront ici et seront réduits à la clandestinité. Ce n'est plus le canton qui devra gérer le problème, mais bien les communes!»

Premier vol suspendu
Le «répit» de dix jours accordé par Jean-Claude Mermoud prend fin aujourd'hui même. Le premier plan de vol, prévu demain pour une famille, a été suspendu «pour raisons techniques», ce qui ne rassure pas forcément les milieux de l'aide à l'asile. La famille Demiri, qui loge toujours au refuge de Malley, sera bientôt déplacée dans une autre église lausannoise, et peut-être rejointe par d'autres déboutés.

GREGORY WICKY
La liste des signatures récoltées par Marianne Huguenin comporte 118 noms. Parmi ces élus on compte 24 syndic(que)s: